La nymphe Écho, que le chagrin a rendu invisible, arrive à mes oreilles. Elle porte le chant du monde et une image de moi qui est déjà un autre.
La nymphe Écho a été condamnée par Junon, l’épouse de Jupiter, à ne pouvoir seulement répéter ce qu’elle entend. Puis, amoureuse, elle s’est fait douloureusement éconduire par Narcisse, qui n’a d’yeux que pour lui-même. Écho se meurt de chagrin, son squelette prend l’apparence de la roche. Mais sa voix, elle, reste vivante. On l’entend encore dans des endroits souvent étranges et magiques. Dans les grottes, les églises, derrière la voix suave des chanteurs.
Les sons que nous renvoie l’écho sont comme des signes qui nous informent sur l’espace, sur le monde, sur notre existence. Ils convoquent aussi une présence mystérieuse : celle d’un autre que soi ou de celle d’une nymphe que le chagrin a rendu invisible.
Note sur la démarche du réalisateur
L’écho est un miroir sonore. D’une part les sons produit par l’écho (et la réverbération) sont des informations sur le réel, sur les espaces dans lesquels nous nous trouvons. D’autre part l’écho transforme le son, il l’ embellie et lui confère une valeur presque magique. Toujours il intensifie et révèle notre relation au monde sonore. Les informations sonores produites par l’écho, sont d’origines mystérieuses, nous n’en voyons pas la source. Elle sont donc « lacunaires » : elles nous poussent à imaginer pour combler les vides. Le son de l’écho a un tel pouvoir évocateur qu’il peut même donner naissance à des projections imaginaires qui révèlent souvent nos croyances. Qui n’a jamais eu la sensation de sentir une présence derrière le son de l’écho ? La présence d’un·e autre qui, en tant que fruit de l’imagination, est chargé·e de nos souvenirs, de nos désirs et de nos peurs.
L’écho est le lieu où l’on s’entend soi-même, comme un ancêtre du système de reproduction sonore. Mais on s’entend déjà comme un·e autre. C’est le le lieu où le moi se sépare de lui-même, celui où l’on s’expérimente, soi-même comme un·e autre et l’autre comme soi-même. La figure mythologique d’Écho symbolise cette relation ambiguë à l’autre.
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RéalisationHervé Brindel
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MixageAurélien Lebourg
Avec Véronique Gely, Iégor Reznikoff, Xavier Kaiser, Bob Crosset, John Butcher et Noé Preszow
Accompagnement à l’écriture Isabelle Tillou
Accompagnement au montage Ingrid Simon
Accompagnement à la voix Sonia Pastecchia
Production Marc-Olivier Picron
Graphisme Charlotte Donnenwirth
Nicolas Poncelet, Aline Nourry , Alec Ilyine, Carlotta Darò, François Baskevitch, Davide Tidoni, Jean-Luc Guionnet et Nektarios Yioutsos.
Stéphanie D’Haenens.
Camille Valençon, Bastien Hidalgo Ruiz, Emma Pajević, Carmelo Iannuzzo, Sarah Fautré, Marie Betbèze, Matthieu Cochin, Camille henrard et au Cedia, Bureau d’études en acoustique et vibrations